Selon une étude du Boston Consulting Group publiée en octobre dernier, pour le site Vestiaire Collective, un des leaders de la mode de seconde main, le marché mondial de l’occasion est évalué entre 30 et 40 milliards de dollars. Un chiffre qui n’est pas prêt de baisser puisque une croissance annuelle de 20% sur les cinq prochaines années est attendue.
C’est une bonne nouvelle pour les différents sites et applications dédiés à la seconde main, notamment pour Vinted, le géant lituanien créé en 2008. Déclinée dans 12 pays, la plateforme compte aujourd’hui plus 30 millions de membres en Europe, dont 12,5 en France où sont vendus 2 articles toutes les secondes. Le 12 mai dernier, Vinted annonçait avoir levé 250 millions de dollars, soit 112 millions de plus que lors de sa précédente levée de fond qui lui avait permis de devenir la première licorne lituanienne. Aujourd’hui, Vinted est valorisée à 3,5 milliards d’euros.
Mais alors, qui sont ces français devenus adeptes de la vente de seconde main, qu’achètent-ils et quelles sont leurs motivations ?
Ils représentent deux tiers de la population. En effet, près de 70% des français comptent faire des achats de seconde main en ligne cette année. La mode et les accessoires arrivent en tête avec 50% des intentions d’achat. Viennent ensuite les produits culturels avec 45%, puis les produits high-tech et d’électroménager avec 37%.
Les raisons pour lesquelles les français aiment acheter de seconde main sont claires. A 75% la raison est économique, les français veulent se faire plaisir tout en dépensant moins. Avec la mode d’occasion, ils peuvent désormais acquérir certaines pièces, inaccessibles auparavant. Pour 45% d’entre eux, la raison est écologique. L’industrie de la mode étant la plus polluante au monde et la prise de conscience écologique toujours plus grande, les français souhaitent davantage joindre l’utile à l’agréable en se procurant des articles d’occasion. Pour 33% il s’agit d’un acte solidaire, pour 22% c’est l’occasion d’acheter plus local, et enfin pour 16%, cela représente un bon moyen de découvrir de nouvelles marques.
🇫🇷 Déploiement de la seconde main en France
Si les français sont de plus en plus friands de ce nouveau mode de consommation, les géants du commerce en ligne l’ont bien compris. Deux grands e-commerçants français ont récemment franchi le pas de la vente de seconde main. C’est le cas de LaRedoute avec sa plateforme LaReboucle et de Cdiscount avec Cdiscount Occasion. Ces e-commerçants sont respectivement en partenariat avec Disruptual et Place2Swap. Notre voisin allemand Zalando devrait également dévoiler sa plateforme à l’automne prochain.
Patatam, la friperie landaise devenue fournisseur à grande échelle a également vu sa notoriété exploser et est devenue un leader de l’occasion au niveau national. En collaborant avec Gémo, Kiabi, Auchan, Système U ou encore Carrefour, la start-up est progressivement devenue un fournisseur majeur d’articles de seconde main pour les grandes enseignes. Ainsi, Patatam devrait voir son chiffre d’affaires passer de 3 à 15 millions d’euros d’ici la fin d’année.
♻️ Place2Swap et le déploiement d’une économie circulaire
La start-up parisienne créée en 2016 s’impose en solution leader pour la vente de seconde main. Après son partenariat avec Cdiscount, l’intégration de son offre dédiée aux retours chez Veepee, et son offre historique de Marketplace C2C, Place2Swap a récemment annoncé le lancement de sa plateforme d’économie circulaire.
Loin d’être une simple plateforme de revente de produits d’occasion, il s’agit d’un outil pour « accompagner les marques dans la transformation de leur modèle et leurs démarches de responsabilité » explique Lucie Soulard, co-fondatrice de la start-up.
Place2Swap est une solution digitale B2C et C2C qui peut s’implanter sur n’importe quel site e-commerce. Grâce à elle, les marques peuvent récupérer les données de leurs clients, gérer leurs retours, leurs invendus et ainsi leur offrir un service de revente et d’achat de seconde main. L’objectif est de permettre aux marques de garder la main sur l’image de leurs produits, même en seconde main, tout en optimisant leur cycle de vie.
La start-up offre également une solution permettant de réduire les retours, qui constituent souvent un gouffre financier pour les activités e-commerce. Avec Place2Swap, les clients peuvent choisir de revendre les pièces qui ne leur conviennent pas plutôt que de payer des frais de retour. Les marques peuvent également vendre leurs invendus sur la plateforme.
Côté certifications, la mission de Place2Swap est certifiée par la labellisation B-Corp, un organisme très sélectif qui constitue un véritable Graal d’engagement sociétal et environnemental.
“En intégrant tous les usages (seconde main, retours et invendus) à la solution, nous permettons aux marques de recréer leur vitrine circulaire, et aux consommateurs de trouver un lieu unique pour leurs achats responsables au sein de la marque. Cette nouvelle plateforme, qui s’intègre parfaitement au site e-commerce, permet également de faire des consommateurs de la marque des “consommateurs for ever” en les fidélisant et en les embarquant d’emblée dans une dynamique de circularité” précise ainsi Estefania Larranaga, co-fondatrice de Place2Swap.
✅ De l’occasion, oui, mais pas qu’en ligne
Dans une enquête récente consacrée au marché français de l’habillement d’occasion, Kantar évoque le “potentiel indéniable” des corners en magasin, qui permettent de lever certains freins à l’achat de seconde main. 66% des Français interrogés affirment apprécier le fait de pouvoir déposer des articles pour le don ou la revente directement en magasin. 51% souhaiteraient trouver des articles de seconde main en boutique, et 37% expliquent préférer pouvoir toucher et voir les produits avant de les acheter, lorsqu’il s’agit d’articles d’occasion.
Kiabi a d’ailleurs bien compris l’enjeu de la seconde main physique. L’enseigne française qui possède des corners de mode d’occasion dans six de ses magasins, affirme vouloir en installer une dizaine d’autres cette année. “C’est moins rentable que notre cœur de métier, mais on ne vend évidemment pas à perte” livre Florian Dinel, le directeur France de Kiabi. “Cela nous permet de proposer des plus petits prix encore, et de séduire de nouveaux clients : la grande majorité de ceux qui achètent un vêtement en seconde main chez Kiabi repartent aussi avec un article neuf”.
Le marché de la seconde main se voit donc offrir de nouvelles solutions et promet de nombreuses évolutions dans les années à venir.
Du côté de Store & Supply, des projets de plateforme de revente de seconde main sont à l’étude pour certains de nos clients.